Provenance des fruits et légumes… ce midi à Grand Frais

S'il y a quelque chose que j'ai bien apprécié, c'est de voir apparaître sur l'étiquetage dans différentes enseignes, le pays de provenance des fruits et légumes frais. Je pense qu'il est important pour le consommateur d'avoir cette information. Personnellement, je l'utilise pour avoir une idée du nombre de kilomètres parcourus par le produits frais que je suis sur le point d'acheter.

Provenance des fruits et légumes frais, mon usage

Il y a déjà pas mal de temps, je me suis fixé une ligne de conduite vis-à-vis de cette appréciation de la distance : Si le produit frais que je suis sur le point d'acheter a été cultivé à plus de 1500 km de chez moi, je ne l'achète pas.

Evidemment cette "règle de base" s'assouplit ou se durcit en fonction du fruit ou légume en question.
Elle s'assouplit par exemple :
  • Si c'est des bananes ou un ananas : dans ce cas j'achète pour varier ma consommation mais en la limitant ce type de produit
  • Pour les pamplemousses idem : c'est Floride ou rien
En revanche, elle se durcit très vite pour les légumes "courant" cultivables en France, par exemple :
  • Pommes de terre, poireaux, radis, épinards, toute forme de choux, concombres, haricots, petits poix, pommes, raisins, champignons, ... : France
  • Tomates, melons, fraises : France et dans périphérie de saison éventuellement Espagne, exceptionnellement Maroc
  • Poires : France et dans le pire des cas Portugal
  • Citrons : Italie
  • Mangues : Espagne
  • Etc…
Certains vont dire : "Comme le produit est déjà sur l'étalage, il faut l'acheter, sinon il va pourrir et il aura fait tout ce chemin pour rien, et on aura pollué pour rien…"

Je répondrais : Certes, mais si on arrête tout simplement d'acheter ces produits, ils finiront bien par ne plus du tout arriver sur nos étalages, et nous aurons fait un pas significatif dans la bonne direction, à savoir... Recentrer notre consommation alimentaire sur les produits de saison cultivés au plus près de notre lieu de résidence

Si on remonte la chaîne :
  • au-delà des produits qui sont perdus sur leur lieu de distribution
  • il y a aussi tout ceux qui sont perdus pendant leurs différentes étapes de transport
  • mais aussi tout ceux qui sont perdus au conditionnement et au moment de la récolte massive pour exportation

Je peux me tromper, mais je pense que pour les fruits et légumes frais qui ont voyagé plus de 1500 km, seulement 60% doivent finir dans nos frigos.
Du coup, il faut encore ajouter à ce chiffre les pertes après cette étape : A savoir ceux qui s’abîment dans nos frigos ou ne mûrissent jamais !

Grand Frais
Grand Frais

Téléguider nos envies...

Chacun est libre de faire ce qu'il veut en son âme et conscience, mais les dérives de nos habitudes de consommations et les lubies des une sociétés de commercialisation entraînent des choses aberrantes qui doivent nous remettre en question.

Par exemple, ce midi à Grand Frais je suis tombé sur des :
  • Poires d'Afrique du sud, Comices si ma mémoire et bonne
  • Poires d'Argentine, William Verte
  • Et le pompon, Melons de Guadeloupe Indication géographique protégée (IGP) !
J'avoue, j'espérais encore trouver quelques poires William Verte à faire mûrir tranquillement à la cave, en tout cas il y en avait il y a moins 15 jours venant d'Italie. Mais me concernant, acheter des poires qui viennent d'Afrique du Sud ou d'Amérique du Sud, c'est juste NON !
  • Le pire, c'est que ça fait déjà des années que l'on en voit : il y a un vrai marché
  • En plus, elles sont belles :  les conditions de transport doivent être "luxueuses" et le tri très sélectif avant le présentoir
Au final, j'ai acheté des Rochas même si elles seront surement moins bonnes.

Mais cela était sans compter sur les Melons de Guadeloupe en tête de gondole. Alors c'est vrai, ils nous donnent envie et savent susciter le besoin de consommation en présentant des beaux melons lustrés à prix "modéré" en avance de saison (pour nous).
Ils nous donnent même une bonne conscience : IGP, produit français, économie locale...
Et il est même possible de les goutter, histoire d'assurer la vente.
La Guadeloupe, c'est OK pour les bananes, les caramboles, quelques autres fruits exotiques (souvent introduits)... mais le melon, ce sera pour moi juste NON !

Pour information, voici un texte de 2002 extrait et adapté de « Destination Guadeloupe » que j'ai trouvé en me renseignant. Evidemment, c'est le côté pile de la pièce...

« Destination Guadeloupe » numéro 8 (Sept Oct Nov 2002)

"Gorgé de soleil quand la grisaille plane sur l’hexagone, le melon guadeloupéen, originaire de la Charente, trouve sa place sur les marchés métropolitains depuis une quinzaine d’années. C’est aujourd’hui un secteur important de l’activité agricole en Guadeloupe. 
La cucurbitacée charentaise semble se plaire en Guadeloupe. Le sol calcaire de la Grande-Terre, agrémenté d’un climat chaud et ensoleillé, donne en effet un fruit excellent au parfum suave. Ainsi, depuis 1983, les melonnières s’étendent sur des hectares entiers, remplaçant les champs de canne dans certaines régions de l’île. Lancé par une société de commercialisation métropolitaine, le melon est aujourd’hui la troisième source d’activité agricole, en volume, de la Guadeloupe. Regroupant les trois-quarts des producteurs guadeloupéens et martiniquais, Caraïbes Melonniers écoule plus de 3000 tonnes de melons par an sur le marché français. 
Le melon guadeloupéen est cultivé selon les règles de l’agriculture raisonnée, respectueuse de l’environnement et des besoins de la plante. 
Riche en carotène, oligo-éléments et minéraux, le melon contient du potassium, du phosphore, du calcium, du fer, du cuivre, du zinc et du manganèse ainsi que les vitamines A B et C. Pauvre en calories (48 kcal, soit 200 kJ aux 100 g), il est composé à 95% d’eau et rafraîchit à merveille les gosiers les plus asséchés. Pour reconnaître un bon melon, il doit être lisse, légèrement doré, dense et ferme, la peau ni trop jaune, ni trop verte. Son parfum doit être bien prononcé, il doit être lourd en main et craquelé au niveau du pédoncule."

Au final, mon avis

Je trouve qu'il ne faut pas favoriser (en les proposant à la vente, ou en les achetant) les produits frais qui ont parcouru la moitié du globe car cela n'est pas sans impacts sur l'environnement.

Mais je ne sais pas dire si pour des raisons d'économie locale il est bien ou non de ne pas acheter des Melons de Guadeloupe. Maintenant que tout a été fait par des sociétés commerciales, qui se goinfrent au passage, pour favoriser leur culture et exportation, le modèle est totalement faussé.
En effet, il est bien possible que maintenant les agriculteurs locaux dépendent de la bonne exportation des ces melons.

Pour autant, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de les retrouver à la vente en France. C'est trop de distance pour ce produit. En tout cas, cela dépasse largement la barrière des 1500 km que je me suis fixée. Mais c'est surement une bonne chose pour les Amériques. Un moyen de se procurer des Melons de "Charente" sans qu'ils traversent tout l'Atlantique en bateau ou en avion.

C'est donc à chacun d'entre nous, consommateurs, distributeurs et revendeurs de faire la différente, à savoir :

  • Prendre conscience de l'impact environnemental de ce qui est acheté ou proposé à la vente
  • De faire des actions qui facilitent le développement du "durable" en choisissant des produits issus de l'agriculture de "proximité"
  • De privilégier les produits issus d'une agriculture "raisonnée" 
  • Ou de privilégier les petits producteurs locaux pour les aider à se développer

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